Le Drugstore a disparu. Puis, la librairie Le Divan et Claude Maxime ont suivi. Arthus Bertrand a diminué sa superficie de moitié. L’Ecole supérieure de journalisme a déménagé à Tolbiac… Aujourd’hui, Saint Germain des prés, c’est Armani, Dior, Vuitton, les Costes –avec l’omelette facturée 16€- et le petit dernier : Ralph Lauren, qui a investi un hôtel particulier XVIIème. Osé, José. Avec des chemises vintage hors de prix, alors qu’on les brade à 5$ dans les surplus de Los Angeles…
Côté résistance, elle est quasi inexistante. Les figures du quartier ont renoncé. Elles bougonnent ou elles désertent les rues Saint Benoît et de Buci. Pour aller où ? On ne sait pas bien… On pensait que les Jaccard et Matzneff allaient s’insurger contre ces marchands d’habits qui ont investi les librairies. Que nenni. Même Beigbeder, qui a connu la rue Princesse à la haute époque, semble se moquer de la métamorphose du quartier. Il continue d’y traîner. Seul Alain Souchon a versé sa larme en chantant « Rive gauche à Paris ». Mais c’était en 1999 et tout le monde a oublié.
Faut-il pour autant bouder Saint Germain ? Pas le dimanche matin : un café vers 10h au comptoir du Danton avant une séance de ciné à Odéon, c’est encore jouable. Autre repère: la boutique des sœurs Freego, au 11 rue Jacob. Saint Germain, c’est leur vie depuis les années soixante-dix. Epoque formidable : avec elles, on refait le monde en buvant un café, en fumant des clopes, en riant et en décortiquant la presse du jour ou l’émission de télé de la veille. On n’en demande pas plus messieurs Armani, Arnault, Costes et Lauren : l’authentique, c’est ça le vrai chic.