1932 : Paul Nizan publie Les Chiens de garde pour dénoncer les philosophes et écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposent en gardiens de l’ordre établi. Huit décennies plus tard, place aux Nouveaux chiens de garde. De qui s’agit-il ? Des journalistes, éditorialistes et autres experts médiatiques devenus nos penseurs, moralisateurs, gardiens de l’ordre social. Ils sont à la fois à la télé, à la radio, dans la presse écrite. Il cumule les jobs, les ménages, les feuilles de paye. Certains tutoient les ministres, d’autres leur écrivent des discours, d’autres encore se marient avec. Epoque formidable. Mais est-ce bien raisonnable ? « Pas si sûr », semblent répondre Gilles Balbastre et Yannick Kergoat dans leur film Les Nouveaux chiens de garde. « Ce n’est pas un film contre la profession de journaliste, mais contre une certaine forme d’organisation sociale et économique des médias et un certain type de journalisme », explique Kergoat. Christine Ockrent fait partie du casting : « est-ce que, dans une démocratie telle qu’on la souhaite, on admet que l’épouse d’un ministre en exercice soit nommée par le président de la République à la tête de l’audiovisuel extérieur français ? », s’interroge Kergoat. En 1998, Pierre Carles avait déjà secoué le cocotier avec son film Pas vu, pas pris, projeté dans une seule salle à Paris. Même punition pour Les Nouveaux chiens de garde que l’on ne peut voir, dans la capitale et en présence de l'un des réalisateurs, qu’à l'Espace Saint-Michel. La prochaine projection est prévue le 23 février à 20 heures. Si vous la ratez, il faudra ensuite prendre le métro, le train ou la bagnole pour suivre la tournée du film à Hazebrouck, Chelles, Villeurbanne, Ivry-sur-Seine… alors qu’il serait si sain et si simple de le diffuser dans les écoles de journalisme, à Sciences-Po, à l’ENA et à 20h35 sur une chaîne de télé du service public.