« Prépas, l’excellence au prix fort ». « Souffrances de première classe ». Tels sont les titre et sous-titre du long papier de Marie Desplechin, paru dans Le Monde daté du 4 février. Le thème de sa réflexion : la dureté des classes préparatoires aux grandes écoles. Un cliché ? Pas tant que ça. Surtout lorsqu’une ancienne élève de prépa littéraire se souvient que « la moitié de la classe était sous antidépresseurs ». « Tu es tellement stressé que tu n’as plus le temps de voir l’essentiel, de bien travailler », confie encore Hélène, élève en khâgne dans le 5e arrondissement de Paris. Du coup, on a mis des psys à l’X, à HEC, à Sciences Po… Mais cela sert-il vraiment à quelque chose ? Marie Desplechin s’interroge. Son diagnostic est sévère : « Parcours du combattant, les classes prépa font accéder au sommet les enfants de ceux qui y habitent déjà. Certains y voient une des clés de la pensée unique qui sévirait en France ». Epoque formid’ ? Déjà en 1995, le réalisateur Didier Haudepin montrait et démontrait l’exigence et la violence d’une classe prépa dans son film Le plus bel âge. Pour avoir moi-même enquêté sur le sujet en 2009, pour Psychologies magazine, je me souviens du témoignage du philosophe Ollivier Pourriol. Il reconnaissait que le statut d’étudiant rémunéré l’avait incité à intégrer Normale Sup : « je voulais arriver à vivre de l’écriture et du cinéma. Cette indépendance financière liée à l’école m’a aidé à développer mes projets de romans et de films ». Et ce, même si ses années de prépa à Louis le Grand l’ont marqué à vie : « la prépa, c’est stérilisant et ça formate. Je me souviens avoir raté un concert de U2, à cause d’un concours blanc de latin que j’avais le lendemain matin. J’étais tellement dégoûté que, depuis, je me suis rattrapé : je suis allé à tous les concerts du groupe ». Son premier court métrage, intitulé Coupé au montage, est d’ailleurs inspiré de sa période à Louis le Grand, où selon lui « tout est fondé sur une logique de renoncement, dans le seul but d’intégrer une école, un groupe ». Prenez le temps de regarder ce film et, promis, plus jamais vous ne passerez devant le prestigieux lycée de la rue Saint Jacques comme avant.