Rencontré chez lui, dans le 20eme arrondissement de Paris, le compositeur Thomas Fersen s’est amusé à évoquer le bonheur. « Le bonheur ne se décrète pas, dit-il. C’est une alchimie mystérieuse entre une harmonie extérieure et intérieure. Il se vit au présent. C’est comme un moment de création ». Et pour illustrer son propos, il pense aussitôt à une biche dans un bois, une falaise escarpée qui tombe dans la mer et même à « un bon café à la fin d’un repas ». C’est simple, aérien et bucolique, à l’image de son dernier album, Trois petits tours (Tôt ou tard), où des objets à fortes personnalités remplacent les humains : « parce que les objets sont toujours plus stables que les gens ». Et peut être ainsi plus faciles à décrire et à mettre en musique. Comme si subitement, le temps d’une chanson, l’artiste avait une petite emprise sur le monde qui l’entoure pour le rendre plus joyeux, plus heureux, « un peu moins sous la pression de la crise ». On vit une époque formidable.
Thomas Fersen est en tournée jusqu’en juin 2010.
Son carnet de bonheur :
-le train aux heures creuses : « dans le train, il n’y a aucune sollicitation extérieure ; j’ai l’impression de faire l’école buissonnière, surtout lorsque j’ai un compartiment pour moi tout seul ».
-Marcello Mastroianni : « les films italiens dans lesquels il joue sont de vrais moments de plaisir. Et puis, jeune, mon père lui ressemblait un peu… »
-les magnets sur le frigo : « ils sont tous liés à des voyages amoureux ».
-tailler les rosiers : « j’ai un rosier à Paris et plusieurs dans ma maison en Bretagne. J’aime m’en occuper, parce que la rose sent encore plus fort quand elle sait qu’elle va mourir ; parce que je fais rouler les têtes avec le chat comme assistant ; et aussi parce que c’est un moment miroir : pour le côté initiatique plus que narcissique ».
-le Vespa : « j’aime circuler dans Paris en Vespa. J’ai grandi dans les 20eme et 8eme arrondissements et lorsque j’ai eu mon premier deux roues, à seize ans, j’ai découvert la Seine et la rive gauche ».