A Paris, le Pont des Arts a longtemps été un lieu de rendez-vous, de traversées, d’échappées. De jour comme de nuit. Jusqu’au moment où les touristes ont débarqué. Comme des nuées. Par milliers. Pour photographier, squatter, pique-niquer, picoler, défigurer et accrocher des cadenas qui écorchent les grilles de la belle passerelle. Comme les piercings meurtrissent la peau. Une œuvre d’art ? Certains en sont convaincus. A l’instar des têtes pensantes de l’hôtel Lancaster, qui profitent de la Saint Valentin pour offrir à leurs clients, « l’occasion de sceller leur amour à l’un des endroits les plus romantiques au monde : le Pont des Arts ». Avec un cadenas, bien sûr, et une carte pour s’y rendre sans se perdre. D’aucuns disent : « Sauvons le pont ! » Quand d’autres rétorquent : « sauve qui peut ». Il est vrai qu’à ce stade d’invasion, on rêve plutôt d’évasion dans notre époque si formidable... où un couple de Parisiens sur deux divorce, en dépit des centaines de cadenas d'amoureux qui se balancent au-dessus de la Seine.