« J’ai eu la chance d’avoir Bresson et Godard comme profs ». C’est Anne Wiazemsky qui parle. C’était cet après-midi au ciné Les Variétés, à Angers. L’actrice et romancière présentait La Chinoise, un film de 1967 signé Jean-Luc Godard, avec Jean-Pierre Léaud. Un film qui a fait bondir critiques et politiques à sa sortie en salles. Et pourtant, selon Wiazemsky, Godard voulait avant tout montrer le quotidien d’une bande d’étudiants, certes un peu illuminés, car prêts à faire péter la Sorbonne –un an avant mai 68-, le Louvre et la Comédie Française. Mais surtout squatteurs, avant l’heure, d’un appartement cossu de la capitale, dont ils avaient réinventé les peintures murales… Il n’en demeure pas moins que La Chinoise a été le premier long métrage projeté dans un festival de théâtre, à savoir celui d’Avignon. Ce qui a suscité à nouveau des débats, « ce qui n’était pas pour déplaire à Jean-Luc. Il aurait été si triste d’être consensuel ». Epoque formid'. Puis, la romancière a évoqué Robert Bresson et son film Au Hasard Balthazar, dans lequel elle a joué. Elle avait 18 ans. Sur ce tournage, un jeune acteur l’a marquée : « c’était Walter Green. Il détestait le cinéma. Il voulait devenir… dentiste ! D’ailleurs, il est devenu dentiste ». Mais le ciné l’a rattrapé : « il a épousé l’actrice Marlène Jobert et leur fille Eva, que je ne connais pas, fait elle aussi du cinéma ». Les amateurs d’anecdotes de ce type sont invités à lire Une année studieuse (Gallimard), le dernier livre d’Anne Wiazemsky : nous sommes en juin 1966 et la narratrice envoie une courte lettre à Godard, adressée aux Cahiers du Cinéma, rue Clément Marot à Paris. Elle lui dit à quel point elle a aimé son dernier film, Masculin Féminin. Troublé par ce courrier, Godard lui répond. Il veut la voir…