Ce matin à Angers, la grand-messe du dimanche n’a ni eu lieu dans la cathédrale, ni dans une église, mais dans un cinéma. C’est dans une salle archi comble des 400 Coups et un silence quasi religieux que le cinéaste Jean Douchet, figure de la Nouvelle Vague, a présenté une sélection des premiers courts métrages signés Jean-Luc Godard. Parmi eux, le fameux Tous les garçons s’appellent Patrick, réalisé à partir d’un scénario d’Eric Rohmer. Nous sommes à la fin des années 1950 à Paris, dans le jardin du Luxembourg et Patrick (Jean-Claude Brialy) drague la moindre étudiante qui croise son chemin… Une amusante leçon de séduction en plein quartier latin, où les rendez-vous se donnent au « Luco » et les cafés se boivent chez Pons, au Capoulade, au Mahieu... Douchet a évoqué cette époque (formidable) avec émotion, en rappelant la motivation première de Godard, Truffaut, Rohmer, Rivette, Chabrol : « Faire des films en marge du système. » Autrement dit : fuir les compromissions. Prouver que l’on peut faire du cinéma en investissant dix fois moins d’argent que les autres. De quelle façon ? A titre d’exemple, Douchet a raconté que lorsque Godard a sollicité Belmondo pour le « court » Charlotte et son Jules, l’acteur voulait aussi être payé pour faire la synchro entre le son et les images. Godard a refusé et il a doublé lui-même la voix de Belmondo.
Une trentaine de courts et longs métrages de Godard sont à voir jusqu’au 29 janvier dans le cadre du Festival Premiers Plans, à Angers.