C’est la crise. Du coup, la ménagère de moins de 50 ans tente de refiler ses tickets resto aux caisses des supermarchés. Pour acheter des pâtes, des sachets de thé, du beurre, des barres de céréales… Lorsque la caissière lui explique que les tickets resto ce n’est que pour des produits à consommer « tout de suite », la ménagère prend ses grands airs. « La dernière fois que je suis venue, je n’ai eu aucun problème pour payer un paquet de riz et une bouteille de shampooing avec mes tickets ». « Ça m’étonnerait », rétorque l’« hôtesse de caisse » en détresse, en plein stress. L’autre insiste. La file d’attente s’allonge. Mais la caissière fait de la résistance et la ménagère exagère. Une scène devenue banale. Tristement normale. Comme si le ticket resto était une alloc’ de plus dans notre époque si formidable. D’ailleurs la tactique du ticket déferle bien au-delà des supermarchés. Après le nombre de jours de vacances dans l’année, le ticket resto fait l’objet de la deuxième requête posée au moment d’une embauche. Car impossible de (sur)vivre sans les précieux tickets, que certains se font piquer au bureau. En 2012, en France, les tickets resto font penser à l’arrivée de la bouteille de Coca au milieu du village bushmen dans Les Dieux sont tombés sur la tête. On en veut. On se les arrache. On veut tout payer avec cette monnaie de singe qui n’a rien d’une monnaie de sage.