Pour certains, c’est une foire exposition. Pour d’autres, une Foir’fouille. Pour d’autres encore, une foire d’empoigne. Bienvenue à Maison & Objet. « Le » salon des pros de la déco, designers, architectes, « tendanceurs » -plus « tendance » qu’un danseur-… Parce qu’ils ne se voient pas suffisamment à Paris –« on est overbooké »-, deux fois par an, tous se retrouvent à Villepinte. Ils se donnent rendez-vous pendant quatre jours au milieu de nulle part. Une sorte de rave party, la boue, les « ecsta » et les DJs déjantés en moins. Quatre jours d’enfer, de RER et de galère au milieu de 9 halls d’une surface totale de 246 000 m2. Ça, c’est du sport. Parce qu’il faut marcher, piétiner, arpenter, se perdre, revenir sur ses pas, repartir. Tout sourire, c’est mieux. Parce que l’on croise des confrères, des concurrents, des amis, des ennemis. Faire bonne figure au retour des vacances. « Et toi, t’es parti où ? » « En Corse, encore et encore… » Très vite on fait overdose. Mais on joue le jeu quand même. Parce qu’il faut être vu. Prouver qu’on est toujours en vie, en ville et prêt à braver l’inconfort des banquettes en skaï de la ligne B pour rester « dans le mouv’ ». Sécher le salon ? Pas question. C’est si « fun » de déjeuner gratos à la cafet’ réservée à la presse. Cette délicieuse impression de privilège, même –et surtout- au fin fond du « 9-3 ». On se refile les badges pour ne pas payer l’entrée : « personne ne vérifie ». On refait le monde un gobelet en carton ou une flûte en plastique à la main : un soupçon de « backstage » de défilé de mode, saupoudré d’un zest de Fête de l’Huma. Puis, on s’en va. De retour à Paris, on consulte ses mails pour s’apercevoir que les services de presse sont tellement efficaces que la majorité des infos, glanées à Villepinte, sont déjà dans la mémoire de l’ordi. Epoque formidable. Aurait-on mieux fait de rester couché plutôt que de rester groupé ? Ah, non ! Sécher le salon ? Pas question.