Hier matin, 8h30, à Paris. La rue de Rennes déserte et désertée. La descendre à pied jusqu’à la place Saint-Germain-des-Prés, sans oublier de passer près de l’abri bus cher à Sandrine Bonnaire dans A nos amours : époque formid’. Cette douce impression d’avoir vidé Paris de ses habitants et d’avoir privatisé Saint-Germain : même la Centurion d’American Express ne permet pas ce privilège. Rue Guillaume Apollinaire, longer la terrasse du néo-Bonaparte dépourvue de tout estivant. Lever les yeux et s’apercevoir que l’ex-salle Georges de Beauregard programme Ludwig de Visconti, avec Berger et Schneider. Mais qui se souvient encore d’Helmut Berger, sur la rive gauche caviar ? Les clients de la Grande Epicerie ? Ceux de La Société ? De Ralph Lauren ? D’Armani –qui a déjà mis ses fringues d’hiver en vitrine- ? Fin de la rêverie. Retour brutal à la réalité. Des touristes asiatiques sortent du métro. Masques sur le nez et énormes valises à roulettes, qu’ils promènent de bon matin comme des chiens en laisse. Direction Vuitton. Helmut Berger ? Jamais vu. C’est qui ? C’est quoi ? Un cousin de Pierre Bergé ? Un successeur d’Helmut Lang ? Au paradis du vêtement, le ciné a-t-il encore droit de cité ? Le duo Berger-Schneider n’est-il qu’une image « glamour » de plus dans un quartier désormais calqué sur les magazines de papier glacé ?