Pour défrayer la chronique chez Nespresso, a priori il faut avoir un nom connu : Clooney, Malkovich… A posteriori, Eveillard ça marche aussi. Dans la boutique de la rue Bonaparte, à Paris, j’ai suscité la curiosité de la vendeuse-hôtesse (de l’air) lorsque son ordinateur a validé ma carte de membre du Club Nespresso. Cette carte qui fait illusion et donne l’impression d’appartenir à une tribu de happy few en mal de reconnaissance. Un cercle de pseudo initiés qui prennent pour repère la capsule de Volluto et comme repaire les boutiques où elle est vendue. Un « entre-nous » synonyme à la fois d’appartenance à une grande famille et de liberté surveillée. Car Nespresso sait tout de ses clients. Cette fameuse carte de membre a de la mémoire : coordonnées personnelles du détenteur, types de capsules achetées et à quel rythme... tout est enregistré, classé, répertorié. Alors souriez : vous êtes fichés ! Et tellement bien fichés, que l’hôtesse style SAS (Scandinavian Airlines) a implosé (en plein vol) lorsqu’elle s’est rendue compte qu’à une lettre près, mon profil correspondait à celui de ma voisine angevine. Et oui, cette voisine porte le même nom que le mien -à une consonne près-, le même prénom et comme nous poussons la même grille pour rentrer dans nos maisons perspectives, la même adresse. Incroyable mais vrai et surtout mouvement de panique au comptoir d’enregistrement de la tour de contrôle Nespresso-Bonaparte. L’hôtesse SAS en plein stress : elle n’en croyait pas ses yeux, ni ses oreilles. Perturbée, désorientée, elle m’a subitement tout dit de la consommation de café de l’autre Anne : nombre de capsules achetées à chaque commande (elle me dépasse allègrement), type de machine utilisée (nous avons presque la même) et fréquence des détartrages de celle-ci (deux fois par an… comme chez le dentiste). Epoque « nespresstoïquement » formidable.