Samedi après-midi, tout gris. Direction « Les 400 coups », le ciné angevin, cousin de province des salles classées « art et essai » du quartier latin parisien. Au programme : Ni à vendre ni à louer, le dernier film de Pascal Rabaté -ancien élève des Beaux Arts d’Angers-. Un film sans parole, mais à la bande son qui a tout d’un premier rôle. L’histoire ? Une pléiade de caricatures, qui pourraient sortir d’une BD de Frank Margerin -période Ricky Banlieue-, s’offrent quelques jours de vacances au Croisic. On a droit aux campeurs, aux punks qui dorment à la belle étoile, aux fauchés qui squattent une cabane baptisée « Mes Assedics », à la famille « tradi » fidèle à la tente des camps scouts, au VRP converti au SM, aux couples qui s’ennuient et vont chercher l’âme sœur ailleurs, au patron de superette au bord de la faillite qui s’obstine à dessiner les codes-barres des produits qu’il vend… Une joyeuse bande d’allumés, donc, qui se croisent sur la plage et ses planches, sur la route des marais salants, dans les ruelles croisicaises, chez les nudistes de Pen-Bron et jusqu’à la crêperie du Derwin : le QG de tout vacancier qui a ses habitudes à La Baule, au Pouliguen, à Guérande, au Croisic… Oui, ça fait penser aux Vacances de Mr Hulot, tourné en 1953 par Jacques Tati, à quelques kilomètres de là, sur la plage de Saint-Marc. On rit beaucoup. Surtout lorsque les éléments se déchaînent et mettent sens dessus dessous caravanes, tentes et campeurs. Quant aux génériques –de début et de fin-, ce sont deux pépites : le rockeur, ses chœurs, les publics et les paroles de la chanson en disent long sur notre époque –formidable-. Ici, on est loin des convenances et connivences de la capitale. En sortant de la salle obscure, on se sent aussi léger qu’une plume et plein de bonnes résolutions : comme celle de s’amuser autant que les anti-héros de ce long métrage, cet été sur la plage.