Vendredi matin, dans une boulangerie, rue Notre Dame des Champs. Je suis là, par hasard, car je dois apporter des chouquettes sur une séance photo : drôle de boulot. A la caisse, une femme, la quarantaine, me parle. On ne se connaît pas. Mais elle a besoin de s’épancher. En moins de 5 minutes chrono, elle a prononcé les mots « Pôle emploi », « site de rencontres » et « faire la fête ». Sa vie résumée, déprimante et, elle, sans doute déprimée. Le lendemain, un ami me raconte ses cours de cuisine en groupe. Toute une communauté en tablier. Mais personne pour se parler. Au moment du déjeuner entre élèves d’une même promo d’apprentis-chefs, « c’était le silence complet ». Le syndrome du « seul au monde » et du « chacun pour soi » semble avoir frappé jusqu’à la porte des fournées et des fourneaux. Epoque formid’ ? Pas si sûr, si l’on n’a pas les clés pour apprivoiser la vie en solitaire. Alain Souchon ferait bien de remasteriser son « Ultra moderne solitude », qui a déjà 23 ans d’âge.