Ils sont copains. Ça fait un bail. Ils n’évoluaient pas dans les mêmes sphères, mais ils ont eu envie de changer d’air. Faire autre chose. Rasmus Michau - le plus grand des deux… - vient de la nuit, des soirées parisiennes, de l’événementiel. Passé par Science Po - faute d’avoir été accepté à Oxford -, puis par l’Insead - faute d’avoir pu intégrer Harvard -, il a flirté un brin avec le marketing et L’Oréal, avant de vivre au rythme des clubbers, monter les soirées d’été à Bagatelle et autres fêtes au Cirque de la rue Marbeuf. Un mariage et une naissance plus tard, il se range un peu et dérange beaucoup le monde du coworking, en s’associant donc à Laurent Geneslay. Lui, il a fréquenté les amphis de Dauphine, les salles de cours de l’ESCP, avant de devenir trader pour des banques, slalomer entre Paris, Londres et New York. Il y était quand les tours se sont effondrées… Puis il y a eu la crise, l’overdose des heures passées en Eurostar, une nouvelle réglementation mettant fin au « proprietary trading » : il a senti qu’il était temps de bifurquer. En 2015, quand Rasmus Michau lui propose de s’associer avec lui pour développer un projet lié au coworking, il accepte. Le concept s’appelle The Bureau. Et ce qui séduit le duo, c’est de proposer des espaces de travail, avec prestations hôtelières, à celles et ceux qui rêvent d’un autre environnement pour bosser, bûcher, chiader, débriefer... Une version « boutique hôtel » de la vie de bureau, avec bar, resto et terrasse à la place de la machine à café, salle de sport, cours de yoga, service de pressing, cireur chaque jeudi à l’heure du déjeuner… Le tout, dans les beaux quartiers : à savoir en bord de Seine, à deux pas du Grand Palais.
Une communauté connectée à tout, à tous, tout le temps
« Quand on a démarré, on ne connaissait rien à l’immobilier, ni au coworking », confie Rasmus Michau. Une ignorance vite comblée par leur carnet d’adresses XXL, dans lequel ils ont puisé aussi bien une riche héritière, qui va miser sur eux, que leur premier locataire : Snapchat. Rien que ça. C’était en 2016. Depuis, The Bureau a une adresse supplémentaire à Paris, une troisième de 3 400 m2 ouvrira en 2019 – toujours rive droite - et un fonds d’investissement fait désormais partie de l’aventure. La donne a changé pour les deux associés, qui continuent d’héberger, choyer et agrandir une « communauté » d’entrepreneurs, fort bien positionnée, car influente et connectée à tout, à tous, tout le temps. Pour sceller un peu plus encore leur « vie commune », Michau et Geneslay viennent de signer Les robots n’auront pas notre peau, à paraître en janvier 2019 aux éditions Dunod. Dans ce livre, le duo disserte sur « ce qui va changer dans l’entreprise à l’heure de l’intelligence artificielle ». Tout un programme. Et ils enfoncent le clou en donnant carte blanche à Thomas Erber, l’étonnant touche à tout, pour organiser chaque premier mardi du mois, à The Bureau, un « talk » intitulé « Quel avenir pour la planète ? ». Parce que les sujets de société ne se discutent pas qu’au comptoir des bistrots. Parce que les fêtards d’hier sont les pères de famille d’aujourd’hui.