Sa vie pourrait être un roman. En plusieurs tomes, car elle a eu plusieurs vies. Normal : elle fonctionne à l’instinct, aux rencontres, aux signes qu’elle voit, entrevoit là où les autres restent aveugles. Avec un tel mode opératoire, difficile de suivre des chemins tout tracés. Son bac en poche, Corinne Bensahel se voyait bien évoluer dans un univers lié à l’art : « J’aimais beaucoup dessiner. » Mais ses parents font barrage. Direction la fac de droit de la rue d’Assas, à Paris. Une maîtrise plus tard et le concours de Sciences Po raté, l’étudiante cherche un premier boulot. Ce sera dans la finance et le trading. « Une erreur », confie-t-elle. Curieuse de tout, elle s’échappe un temps des chiffres pour participer à l’aventure de la création d’une ligne enfant pour la maison Souleiado. Puis, elle suit mari et enfants aux Etats-Unis. « Mes années américaines », comme elle dit. Elle vivait alors à Washington. En quête d’une carte verte, elle flirte avec la presse, l’écriture, la déco, la photo, jusqu’à devenir l’agent du photographe Antoine Schneck, avec lequel elle réalise de nombreux reportages. Une expérience qui lui vaudra de jouer au modèle de Marianne en 2003, en marge de la série de Schneck intitulée Les Mariannes d’aujourd’hui et installée sur la façade de l’Assemblée nationale, à Paris.
Indiscrétions, modèles XXL et belles échappées
Une fois sa carte verte obtenue, Corinne Bensahel développe une activité de conseil et s’essaie à la création de bijoux, « que je vendais à des copines américaines très riches ». Touche-à-tout, elle dévie, doucement mais sûrement, vers le manuel et l’artistique. De retour à Paris à la fin des années 2000, elle va même travailler avec Robert Wan, le célèbre producteur de perles de Tahiti. Au hasard de quelques indiscrétions issues du monde des affaires, où elle a gardé un pied, elle apprend que la maison Baobab Collection est à vendre. Baobab, une marque de bougies artisanales créée en 2002, connue pour ses modèles XXL - jusqu’à 7 kilos - en séries limitées, aux couleurs et senteurs plutôt masculines. Un univers à part. Corinne Bensahel approche financiers et investisseurs. Dix-huit mois plus tard, elle se retrouve à la tête de la direction artistique de cette marque belge, qui puise son inspiration entre voyages, nature et désormais contes imaginaires. Car à chaque nouvelle collection, Corinne Bensahel invente histoires, personnages et paysages, inspirés par quelques belles échappées. A l’instar de celle qu’elle a faite jusqu’à Madagascar, avec le photographe Serge Anton, pour rencontrer le peuple Mikea.
Conteuse, saga et architecture d’Horta
Quand on lui demande ce qu’elle fait dans la vie, elle répond, sans hésiter : « Conteuse. » Même si elle reconnaît que, parfois, d’aucuns se perdent dans les méandres de ses fantaisies. Mais ça ne l’arrête pas. Elle vient de présenter ses nouvelles collections pour l’hiver à venir, en narrant « l’histoire des sœurs Stones » : une énigmatique saga familiale autour de trois femmes à l’origine d’un trio de bougies... Quant à la série baptisée « Christmas in Brussels », « elle honore l’architecture d’Horta ». Intarissable, Corinne Bensahel ne devrait pas donner ses rendez-vous à l’heure du déjeuner. Car la diseuse de bonnes aventures conte, raconte et… mange froid.