« J’étais un bon élève. » Doué en sciences et passionné par le dessin, avec le recul Jérémie Jean-Michel se dit qu’il se serait bien vu designer. Mais la vie et ses accidents en ont voulu autrement. A 17 ans, son bac D en poche, il intègre une fac de sport, « pour devenir prof de gym ». Mais il se blesse durant son année de licence. Il doit changer de cap. Par la force des choses. Comme il a arrêté le dessin et la sculpture - à regret - l’année de son bac, c’est vers le chant qu’il se tourne. Spontanément. Sans avoir pris un seul cours : « J’ai grandi avec Adamo, Bob Marley et les Bee Gees », confie-t-il. Des références qu’il revendique encore : « Je pleure en écoutant Adamo. » A 18 ans, il se met donc à chanter et, depuis, « je n’ai jamais arrêté ». Sauf que ses parents voient plutôt d’un mauvais œil son éventuelle carrière d’artiste. « Alors j’ai fait l’armée. » Dix-huit mois à Metz comme instructeur. On est loin du reggae jamaïcain et des groupies des frères Gibb. « Ça m’a endurci. Surtout qu’à l’époque, j’étais très timide. » De retour en région parisienne, il prend le premier boulot qu’il trouve. « Pour prouver à mes parents que je pouvais faire des choses. » Il va ainsi se retrouver, près de Bouffémont, à manipuler des surgelés dans un entrepôt frigorifique par moins 30 degrés. Il va tenir six mois. Puis, ce sera un job de vendeur au rayon « revêtements de sol et carrelages » chez Castorama. Au bout d’un an, il part se former chez ADP pour devenir agent d’escale. Caméléon, du jour au lendemain, il troque la tenue « Casto » pour un costume-cravate et commence à perfectionner son anglais. Il a la trentaine. Sa vie se stabilise. Mais un mariage et une naissance plus tard, ses horaires chez ADP ne collent plus à l’amorce d’une vie de famille. Il part bosser pour la plateforme téléphonique de l’American Express. Sauf que « parler à des gens sans les voir, ce n’est pas possible pour moi ». En 2006, il s’initie à la gestion de patrimoine. Mauvais calcul : deux ans plus tard, c’est la crise. Il repart à zéro.
Nom de scène, Ferrari, vélo et pass Navigo
« Je suis dans le bus, entre Saint-Brice-sous-Forêt et Domont, lorsque je vois une limousine américaine passer. J’ai grandi dans le Val d’Oise où j’ai déjà vu circuler de telles voitures du côté de Domont, sans jamais me demander d’où celles-ci pouvaient venir. » Il fouine et découvre qu’elles sortent toutes de chez American Limousines, une société de service de chauffeur particulier. Il y va, dépose son CV sur le bureau du patron, qui lui parle d’emblée en anglais. Il répond du tac au tac. On lui demande de conduire une limousine de 9 mètres de long en marche arrière. Prouesse réussie. Il est pris. De fil en aiguille, en discutant avec des voituriers de palaces parisiens, Jérémie Jean-Michel va peu à peu approcher l’univers de l’hôtellerie de luxe parisienne. Alors qu’il est empêtré dans un divorce compliqué, il va participer à l’ouverture du Burgundy. Son job ? « Homme à tout faire », résume-t-il. « Pendant 7 ans, j’ai été voiturier, bagagiste, réceptionniste, plombier de circonstance, j’ai même récupéré une bague en diamant coincée dans une canalisation. Je me souviens que mon père aussi avait un côté MacGyver ! » A cette même période, il développe sa carrière parallèle de compositeur et interprète. Son nom de scène : Jeynoa. Son groupe : Electric Federation. Aujourd’hui, Jérémie Jean-Michel est chef voiturier du Nolinski, un 5 étoiles de l’avenue de l’Opéra. « Pas plus tard qu’hier, j’ai encore garé une Ferrari, mais je vis sans voiture : j’ai un vélo et un pass Navigo. » En juillet, Evok Hôtels Collection le déplacera du Nolinski vers le Brach, autre 5 étoiles flambant neuf du groupe hôtelier. Une mutation que Jérémie Jean-Michel voit comme une nouvelle aventure. Un nouveau départ de plus.
Et aussi : Electric Federation sur kisskissbankbank .