Se plonger dans le bouquin d’un auteur avec lequel on a l’habitude de prendre un café, c’est comme lire une longue lettre d’un ami. Et, donc, on n’interrompt pas sa lecture. C’est une nouvelle fois ce qui m’est arrivé avec le dernier roman de Philippe Vilain, intitulé Pas son genre (Grasset). En librairie le 6 avril, il raconte l’histoire d’un prof de philo parisien muté à Arras –époque formidable ?-. Pour noyer l’ennui et supporter cet exil forcé, il s’entiche de l’une des coiffeuses de chez Friselis, « le » salon en vue d’Arras. Une pro du brushing qui lit tous les matins Nord Eclair et connaît la vie privée de JLo & co par coeur. Elle –aussi- s’appelle Jennifer. Et c’est pour elle que François va bousculer ses habitudes… Un beau roman, une belle histoire et une écriture soignée, gracieuse, subtile, qui se lit comme on déguste son gâteau préféré. Même si la fin n’a rien de drôle. Sauf si l’on part du principe que quitter Arras pour retrouver Paris vaut toutes les Jennifer du monde… Un bouquin de solitaire pour d’autres solitaires qui ne voient jamais en l’autre une âme sœur. Est-ce pour cela qu’ils se sentent plus libres que leurs contemporains ?