Après la Fiac et avant Paris Photo, lavage de cerveau avec The Square. Palme d’or à Cannes oblige, on a monté des marches revêtues d'un tapis rouge pour sortir de la salle 3 de L’Arlequin, où le film de Ruben Östlund est projeté, à l’heure du thé. Une séance de plus de deux heures, où on en prend plein la tronche entre sexe, mensonges et vidéo trash d’une enfant dans un carré censé ouvrir les portes d’un monde meilleur... Le tout rythmé par un portable volé, la performance d’une créature entre Hulk et Greystoke, une Tesla perdue dans une cité mal famée, des tas de postures, des tonnes d’impostures. Après, on pouvait attaquer PhotoSaintGermain. C’est quoi, ça ? La 6e édition d’un festival photo qui dure quinze jours, dans une sélection de musées, centres culturels, galeries et librairies de Saint-Germain-des-Prés. Une sorte d’amuse-bouche avant Paris Photo, du 9 au 12 novembre au Grand Palais.
Esprit d’escaliers, starlettes, omelettes et porte à porte
Pour rester dans l’esprit d’escaliers, on a grimpé ceux de l’Hôtel de l’Industrie. Le bâtiment voisin du Bonaparte abrite les images qui ont permis à Lizzie Sadin d’être lauréate de la 8e édition du Prix Carmignac du photojournalisme. Sa série « Esclavage et traite des femmes » emmène jusqu’au Népal, entre vente et prostitution forcée de femmes et de jeunes filles. Tout ça au-dessus de La Société, resto pour starlettes et friqués, où des cousins de Ken et Barbie servent des omelettes à 30 euros… On a enchaîné avec une escale à la galerie Folia, rue de l’Abbaye, qui expose jusqu’au 21 décembre le travail de l’ukrainien Alexander Chekmenev, parti faire du porte à porte dans son pays, le temps d’une campagne de nationalisation des passeports. Il a ainsi accompagné le personnel des services sociaux, chargé de procurer médicaments et provisions à des personnes isolées. Pas bien gai, là non plus…
Jolies filles, paradis, fourrure et « hot époque »
C’est chez ArtCube, place de Furstenberg, qu’on s’est sentis le mieux. Là, on a été projetés dans les années 1990, avec des photos de Linda, Christy, Helena et de tout un tas de jolies filles que Jacques Olivar -à l’origine formé pour devenir pilote de ligne…- a immortalisées pour la presse de mode. Du noir et blanc, de la couleur, des tirages de toutes les tailles, pour une série baptisée « Another day in paradise ». Un paradis avec du vin, blanc, rouge, des verres en verre, un type en veste de fourrure et un sosie de Cyndi Lauper « hot époque ».
Angot, Géricault, Delacroix et Baudelaire
Juste en face de la galerie ArtCube, on a poussé la porte du musée Delacroix. En marge des cartels signés Christine Angot, invitée des lieux jusqu’au 8 janvier, Mohamed Bourouissa y expose ses photos inspirées par Géricault, Delacroix ou encore Le Caravage. On est passés avant tout pour l’endroit : l’atelier de Delacroix, le bout de jardin sur lequel il plonge, les œuvres du maître et le portrait de Baudelaire. On a terminé la virée par un ultime escalier : celui de l’Hôtel de la Monnaie. On pensait y voir d’autres photos, d’autres curiosités. Mais c’était la fin des festivités. Pas le temps de trouver le bon palier, la bonne salle. Tout juste a-t-on pu croiser quelques invités d’un dîner privé. On n’était pas conviés. On s’est cassés au Café… le Trama, bien sûr. Adresse planquée pour fin de soirée prisée.