Il ne fait pas encore la Une de la presse de mode. Pourtant son showroom se situe dans le carré le plus prisé du 7e arrondissement de Paris. Il ne frime pas en front row des défilés, même s’il a bossé pour Lacroix, Sorbier, Mabille, Schiaparelli, Yves Saint Laurent… Discret, caché dans son atelier perché sous une verrière, Santiago Lomelli se confie. Il raconte son Mexique, sa passion pour la couture, ses aventures parisiennes... Petit-fils de tailleur et fils d’une modéliste, il a su manier aiguille, fil et ciseaux dès son plus jeune âge. Il a d’ailleurs ouvert sa première boutique de vêtements à 17 ans à Guadalajara, sa ville natale. Les Mexicaines raffolaient de ses créations. Mais ça ne lui suffisait pas. Il voulait se frotter aux grands noms de la couture. De la haute couture même. En 2007, il va s’offrir un aller sans retour pour Paris.
Broderie, plumasserie et fleurs artificielles
Son premier atelier ? Un local dans le quartier de la Bastille. Mais l’investissement est lourd. Lomelli reconnaît avoir perdu de l’argent dans cette affaire. Malgré ça, ses débuts parisiens sont marqués par des cours à l’Alliance française pour maîtriser la langue de Molière, des cours encore et des stages pour parfaire son apprentissage de la broderie, de la plumasserie, jusqu’à la technique du moulage de fleurs artificielles. De l’Ecole de la Chambre syndicale de la couture aux ateliers de la maison Lesage, le jeune styliste apprend, comprend, découvre, progresse. Au hasard d’une rencontre, on lui demande de travailler sur une robe de mariée. Le modèle l’inspire. Toutefois, il se permet quelques changements et ajustements. Coup de bol : le créateur d’origine apprécie l’initiative. Il s’appelle Christian Lacroix. Ce même Lacroix que Lomelli avait tenté d’approcher, en vain : « En arrivant à Paris, j’avais postulé pour travailler dans sa maison de couture. Mais la réponse avait été négative. » Un coup de chance après un coup du sort. Car avec l’épisode de la robe de mariée remaniée, son nom circule dans les backstages. D’autres créateurs le sollicitent. C’est l’amorce d’une reconnaissance en France. Un coup de pouce qui pousse Lomelli à quitter Bastille pour la rue du Bac, « dans un mini loft avec terrasse, trouvé sur seloger.com ».
Galliano, perfecto, soies et dentelles
Depuis l’automne 2017, Lomelli a rejoint l’équipe de Galliano au sein de la maison Margiela, « pour peaufiner la collection haute couture 2018 ». Ce qui ne compromet en rien les projets perso du créateur mexicain. Robes, vestes, perfecto, parures, quelques modèles pour hommes… il touche à tout en apposant sur tout son logo en forme de scarabée, qu’il appelle « le totem » de sa marque. En quête de sponsors, il rêve d’une collection inspirée par le Mexique, « mais conçue à partir du savoir-faire issu de la haute couture française ». Fasciné par les soies, dentelles et cuirs, qu’il mêle et mélange sans cesse, il se dit plutôt taiseux : « Mes créations parlent pour moi. J’essaie d’être bavard comme ça. »