S’installer 90 minutes dans les canapés de la salle de projo du Club 13, ça tombait bien. Car il fallait que je me change les idées après un déjeuner au cul du monde, où une attachée de presse m’a expliqué que pour interviewer un chef de cuisine, « vu à la télé », il fallait envoyer mes questions par mail « au moins trois semaines à l’avance »… Après une aberration de la sorte, aller au ciné pour voir Madame, le dernier long métrage réalisé par Amanda Sthers, en salle le 22 novembre, me convenait parfaitement. Parce que je savais qu’il y aurait de l’humour, de la légèreté. Ce qui est vrai. Mais pas que… Dans Madame, la romancière braque sa caméra sur les travers d’une bande de friqués « made in USA », qui fait étape à Paris, le temps d’un dîner presque parfait, de quelques mondanités et d’un tableau du Caravage à refourguer. Entre hôtel particulier, Porsche décapotée, piscine privée et escarpins Louboutin, on trompe, on se trompe, on cherche, on se cherche… Au milieu de tout ça, il y a Maria, la plus spontanée, la plus délurée, la moins planquée et donc la plus libre aussi. Bref, on ne s’ennuie jamais. Le rythme est soutenu et le casting, réussi : Rossy de Palma, Toni Collette, Harvey Keitel, Stanislas Merhar…
Tour de force, tour de main et tour de piste
Après le Club 13, direction le Silencio. Toujours pour parler ciné, mais aussi musique et bouquins. L’ami Thierry Grillet a pondu un coffret de trois ouvrages (Editions First), qui recensent ses 100 films, 100 musiques et 100 livres préférés. Le choix n’était pas simple à faire. Mais, à l’issue de l’exercice, il parvient à évoquer aussi bien Annie Hall que La vie est belle, Bashung, Björk et Iggy Pop, Proust et K. Dick. Un tour de force. Un tour de main. Et même un tour de piste : Grillet a lu certains passages de sa prose, accompagné par le guitariste Nicolas Comment et le pianiste Marc Haussmann. On a aimé les coupes de Roederer et aussi cette rencontre, au bar, avec Pierre-Olivier Prenassi : ensemble, on a refait le monde de l’édition et des « ghost writers ».