Je suis passée devant des centaines de fois. Sans jamais le voir. Ni même l’apercevoir. La faute aux rideaux crochetés sans doute… Ou à la façade qui ne paye pas de mine. Pourtant, en classe de seconde - au milieu des années 1980 - , j’ai le souvenir d’avoir acheté une paire de Doc’ Martens dans une boutique juste en face… et le bistrot existait déjà. Son nom : Le Carrefour. Les habitués disent « chez Paulette », du prénom de la patronne. Des habitués du quartier et d’ailleurs. On y croise aussi bien un avocat du coin qu’un électricien des Hauts-de-Seine, Yves Calvi qui refait le monde au comptoir ou encore des étudiants. Paulette n’a rien contre les étudiants. Sauf quand ils s'installent avec leur ordi. Parce que la haute techno, elle y pige que quick, la taulière : sa compta ne se fait sûrement pas sur tableau Excel… Et puis, « les jeunes avec un ordi », ils restent des plombent avec juste un café ! Ça, ça la fout en rogne, la Paulette.
Suze, Picon, barrage de Sarrans et anciennes michelines
Au rayon boissons, la Suze a la cote. On dit même que la sœur de Paulette… « suzotte ». Le Picon n’est pas bien loin. Quand au vin blanc, on le sert dès la fin de matinée, à l’heure des premiers apéros. Apéro que Paulette partage avec les fidèles, des figures du quartier, des piliers de ce bar à part. Le clou du spectacle ? La repro qui recouvre l’un des murs. Elle représente le barrage de Sarrans et l’image, en version XXL, est digne des photos noir et blanc de paysages, accrochées au-dessus des banquettes dans les compartiments des anciennes michelines. Au fait, Le Carrefour, ça ferme le week-end. Pas dingue la Paulette : elle se barre de son bar quand les touristes débarquent à Odéon, pour dévaliser les boutiques de chiffons.
Le Carrefour : 2 rue Monsieur Le Prince, Paris 6e.