Une table, une chaise, quelques bouquins, une bouteille de vin blanc, des gobelets en plastique transparent, des amis et quelques curieux. La signature du dernier roman de Roland Jaccard, à L’Ecume des pages, pourrait se résumer à cela. Mais, dans la presse, ce serait se contenter d’une légende photo alors qu’on a la place de raconter… Alors je raconte.
Voyages, notes perso, Deligny et bus 39
Saint-Germain, à la nuit tombée. Trottoir mouillé. On pousse la porte de la librairie encore digne de ce nom. Marie Jaccard et Roland Céhère font office de comité d’accueil… J’aime assez les appeler comme ça, le temps d’une phrase. Autour d’eux, des inconnus, des potes aussi : Christophe Diard, Mark Greene, Serge Safran, sans oublier cette jeune femme platine, encore étudiante, qui bricole chez Robert Laffont… Une réunion de copains pour fêter la sortie de Station terminale, le dernier roman de Jaccard. Un bouquin bâti comme un journal intime : celui d’un drôle de type qui enchaîne les voyages et cumule les conquêtes amoureuses. Ses notes perso atterrissent dans les mains de son frère, prof en Suisse, aux antipodes du dandy de grands chemins. On passe de Vienne à Séoul, de Tokyo à Paris, de Deligny au bus 39, en passant par un resto de la rue Sainte-Anne… Avec un clin d’œil à Matzneff, un autre à Cioran… C’est rythmé, ça se lit d’une traite, car Jaccard affectionne « les livres pour paresseux ». Comprenez les récits courts : en 150 pages, tout est dit, tout est démontré par celui qui se présente tel un « expert en nihilisme ». Pour ma part, au-delà de 150 pages, souvent je m’ennuie : les pavés, je ne les lis pas, je préfère marcher dessus.
Rires, vidéos et pensée du soir
A L’Ecume des pages, l’ambiance était joyeuse entre les rires de Marie, le tournage des vidéos de Jaccard, le passage éclair d’Arnaud Guillon, l’apparition de Tamara Taichman, la pensée du soir de Serge Safran devant les tables recouvertes de bouquins : « Il y a plein d’auteurs que je ne connais pas et dont je ne lirai jamais les livres. » On a apprécié le cadeau de Jaccard : il nous a offert le Quarto n°43 qui lui est consacré. C’est quoi Quarto ? La Revue des Archives littéraires suisses. Dans son dernier cru, elle dissèque, analyse, conte et raconte l’auteur de L’Exil intérieur. A ne pas manquer : le cahier photos. On y voit le jeune Roland avec son cocker : l'autre meilleur ami de l'homme avec le Smith & Wesson ? Et puis on a souri à celui qui nous a demandé : « Vous gagnez de l’argent avec votre blog ? » A question odieuse, réponse audacieuse : « Non. Mais qu’est-ce qu’on se marre ! »
Station terminale, de Roland Jaccard. Serge Safran éditeur. 15,90€