Il s’appelle Sixto Rodriguez. Au début des années 1970, ce musicien d’origine mexicaine enregistre deux albums folk aux Etats-Unis. La critique aime. Le public, non. C’est le flop. Rodriguez laisse tomber ses costards, renonce aux lunettes noires et retourne bosser à Detroit, comme maçon sur les chantiers. Sauf que, dans le même temps, ses disques rencontrent un succès énorme en Afrique du Sud : surnommé Sugar Man, il est l’idole de la jeunesse blanche en révolte contre l’apartheid. Une vingtaine d’années plus tard, on le dit suicidé… Mythe ou réalité ? Le disquaire Stephen Segerman et le journaliste Craig Bartholomew décident de mener l’enquête. Les deux Sud-africains partent alors sur les traces de Sugar Man…
Oscar, road movie et copains de chantiers
C’est cette enquête, menée à Detroit et au Cap, que le réalisateur suédois Malik Bendjelloul relate dans son documentaire Sugar Man (Searching for Sugar Man), sorti en salles en 2012, récompensé par un Oscar à Hollywood en 2013 et diffusé sur Arte le 3 mars à 22h40. Un film aux allures de road movie, où il fait parler musiciens, producteurs, fans, copains de chantiers de Rodriguez. L’intrigue se dénoue au fil des rencontres, des voyages, des escales dans les villes, des étapes dans les bars. Un travail de fourmi, qui aboutit jusqu’à la maison de Sugar Man. Là, où il vit… encore. Car, non, l’idole n’est pas morte.
Retour sur scène et albums réédités
En 2012, le film de Bendjelloul est un triomphe. Mieux : Rodriguez remonte sur de nombreuses scènes et ses albums sont réédités. Mais le succès ne panse pas toutes les plaies. En 2014, le réalisateur suédois, alors en pleine dépression, met fin à ses jours. Il n’a que 36 ans.