Contributeur de ce blog, le photographe Bruno Comtesse est parti en « grand reportage ». Il a testé, pour 1 Epok, une nouvelle boutique du 6e arrondissement de Paris, qui promet « une alimentation 100% bio et sans gluten ». Quand un fan de foot et de bouffe italienne franchit le seuil d’une telle adresse, ça donne ça :
« Bâle-PSG. Ce match fait partie des affiches qui justifient un abonnement aux chaines sport du câble et me permet de lancer une invitation à mon fils : « Viens dîner. Je ferai des pâtes... » Je sais comment appâter le supporter, mais aussi le gastronome.
Graines, huiles essentielles et rayon frais
La veille du match, je décide de bien faire les choses. En balade dans le 6e arrondissement, je passe devant une épicerie s’autoproclamant « le comptoir de l’alimentation 100% bio et sans gluten ». Je ne sais pas pourquoi, peut-être inspiré par la promesse « sans gluten - heureux - authentique - naturel », j’entre en me disant : « Je vais lui préparer des carbonara éco-responsables… pour changer ! » Où va se nicher la mauvaise conscience. Je parcours les rayons, dérouté devant tous un tas de packagings inconnus. J’ai du mal à repérer l’alimentation entre les distributeurs de graines / céréales et les produits d’entretien aux huiles essentielles. J’arrive au rayon frais, où des barquettes de tagliatelles sans gluten me tendent les bras. Une barquette pèse 170g. J’en prends deux (9€) : mon fils a de l’appétit. Je repère 6 tranches dans la poitrine fumée sous vide - inutile de chercher de la guancia - (10,50€), ainsi qu’une boîte de 6 œufs (3,31€) et un pot de crème fraiche (5,10€) : je les prépare à la française… les carbo.
« Bonnes ondes » et bonne conscience
Je me sens plein de « bonnes ondes » au moment de payer. Ça se dégrade quand la caissière annonce : « 27,91€ ». Je vérifie le ticket. Mais pas d’erreur, c’est bien le prix du « bonheur » ! La bonne conscience a un coût et je me suis obstiné dans la voix du « bien-être », tout en pensant : « Heureusement qu’il ne boit pas de vin, le gamin ! »
Mi-temps et « bio-triomphe »
Hier soir, pendant la mi-temps, j’ai filé en cuisine préparer les carbo et exposer à mon fils ma résolution du jour. D’emblée, il m’a paru sceptique. Qu’à cela ne tienne. Il me restait le dîner pour le convertir… En vain. Il n’a même pas fini son assiette : « Je préfère quand tu vas chez les Italiens de RAP. » Raté, mon « bio-triomphe » : je suis passé d’éco-responsable à vieux con irresponsable. Heureusement, le club de mon quartier a gagné… Mais, au prochain match, je commande des pizzas. »